On n'en doutait pas une seconde. Mais Euréka quand même ! Ca marche bien.
La règle Argad s'adapte sans problème aux combats d'escarmouche livrés entre chouans et républicains.
Avec le vicomte Charles de l'Historic, bailli du Lorientais et vaillant capitaine de paroisse, on a testé la chose tout à l'heure en faisant avec ce que l'on avait sous la main (les vraies figurines de républicains sont en effet encore à venir).
Comme je l'ai expliqué sur mon blog en délire, le scénario était simplissime. Jugez plutôt.
Fraîchement élu dictateur républicain du pays de Carnac, c'est à dire commandant de la Garde nationale locale, l'odieux Roger Tirelaine vient de mettre à sac une ferme dont les occupants sont soupçonnés de collusion avec les royalistes, les curés non jureurs et toute une clique de louches ci-devants.
Autant de suspects que le représentant de la loi se promet d'envoyer dare-dare conter fleurette à "Louisette", le surnom donné à la guillotine par ses potes révolutionnaires.
Comme "Monsieur Roger" n'est pas à un crime près, il vient aussi de commettre un acte particulièrement odieux.
Il a en effet décidé d' embarquer dans une carriole le gros paquet de galettes-saucisses que le fermier et sa descendance s'apprêtaient à boulotter sur le coup de midi après une rude matinée de travail.
Rapt d'une rare outrecuidance. Car, c'est bien connu, en Morbihan, la galette-saucisse, c'est sacré.
" Enfer et damnation ! Gast und hildepute ! Vengeaance ! " s'écrient d'une seule voix des chouans informés de ce geste contrevenant à toutes les lois de la guerre en même temps qu'à la plus élémentaire charité culinaire.
Une embuscade est décidée contre le convoi sur lequel veillent trois bataillons de "bleus". Sage précaution lorsque l'on sait que les saucisses contenues dans les galettes sont originaires de Guéméné. En clair, le saint-Graal de la boustifaille chez tout Breton qui se respecte.
Pour les chouans, le convoi est facile à repérer. Il suffit de se fier à l'odeur, délicat mélange de couenne de porc, de sueur rance et de chicots mal nettoyés sur lesquels les bleus passent en permanence leur langue fétide de mécréant.
Les haies qui bordent le chemin creux vont faire office de paravent aux assaillants.
Une salve retentit. Dans les rangs blancs, quelques ricanements se font entendre lorsque les premiers républicains - à commencer par le sinistre Roger la Galette - passent de vie à trépas. C'est la fête ! On se croirait un dimanche matin devant un jeu de quilles.
Las ! La joie des insurgés ne va pas durer.
Outrés que des paysans malodorants cherchent à leur chouraver à leur tour les précieuses galettes-saucisses, les soldats républicains ne tardent pas à réagir et se mettent à donner furieusement de la baïonnette.
Le massacre commence. Le rouquin gicle. La tripe vole bas. Pour sûr, ça rigole plus dans la cambrousse. Même si, il faut bien le reconnaître, les bouseux se battent comme de beaux diables.
Il fallait s'en douter. Les hurlements, gémissements et plaintes qui émanent de toute cette carmagnole sanguinolente ne tardent pas à attirer l'attention d'autres insurgés. Des gaillards qui, bien que sourds au discours révolutionnaire, n'en ont pas moins l'ouie fine.
Des renforts arrivent, drapeau royaliste en tête de cortège. Chaque insurgé entonne le Vexilla Regis de sa voix rocailleuse de bas-armoricain.
Mal en prend aux nouveaux venus. Car les républicains ont la dent dure et la baïonnette de plus en plus affutée à force d'être frottée contre les vertèbres des blancs. A leur tour, les renforts chouans morflent grave. Pauv' bêtes, va !
Dans le même temps, une barricade que les paysans avaient érigée à deux pas d'un carrefour est prise d'assaut par les bleus. Là non plus, personne ne fait dans la dentelle. Armé de son chapelet et d'un vieux flingot, un curé (de dos à droite sur la photo) est envoyé dire la messe chez les angelots royalistes. Effroyable coup du sort. Il faut bien le dire : les blancs sont blèmes.
La fin approche en effet. Résumons à grosses louches : après que des tirs aient été échangés entre des troupes de ligne royalistes et des républicains partis à la poursuite d'un parti de chouans, la colonne bleue - qui encadre toujours la fameuse carriole aux galettes-saucisses - va prendre d'assaut un hameau.
Il s'agit de deux modestes maisons dans lesquelles des biffins du Loyal Emigrant et du régiment d'Hector sont benoîtement occupés à jouer à la belote.
Seul un petit groupe de paysans fuyards va échapper au carnage.
La messe républicaine est dite. Circulez, y a plus rien à étriper.
Quelques propositions : -
Les effectifs Les chouans sont classés 2 (villageois ou paysans,milice mal entraînée) et les républicains ainsi que les troupes de ligne royalistes sont classés 3 (soldat déjà exercé). Les officiers sont classés 4.
La différence est énorme en termes de combat et fidèle en cela à la réalité historique. Car les chouans tiennent peu souvent le choc face à une troupe aguerrie.
Pour être dynamique et ne pas tourner au massacre d'office, le jeu doit toutefois comporter 3 voire 4 fois plus de chouans que de soldats de ligne bleus.
Qui plus est, les chouans doivent intervenir par groupes, avec un système de renforts.
Les renforts peuvent arriver tout autour de la table. Le côté par lequel ils débouchent est déterminé par un jet de dé.
Cela oblige les républicains à se garder devant comme derrière, à gauche comme à droite. Cela représente aussi la capacité qu'avaient les paysans du coin à de mobiliser de toutes parts dans un pays en effervescence.
-
Le moral des troupes Les chouans avaient la facheuse habitude de se débander face à ses soldats de métier (on se met à leur place !). Charles et moi proposons donc que deux mouvements de fuite, volontaires et consécutifs, se transforment en panique.
Pour arrêter cette panique, on lance un dé. Celui-ci doit être supérieur à la classe de moral, et croissant. Par exemple, pour arrêter la panique, il faudrait faire au moins 3 au 3e tour, et si ça ne marche pas 4 au 4e tour, 5 au 5e tour, 6 au 6e tour.
Les combats On a appliqué le principe des armes longues et semi-longues (fourches, faux etc.) . Ca fonctionne bien et ça peut être intéressant pour un chouan qui a de la chance au dé. Idem pour le tir furtif et le tir juste avant le contact.