Nous sommes toujours à l'automne 1630, dans la Principauté de Mecklembourg, saisie par les troupes impériales et recatholicisée de façon musclée par les jésuites et leurs sbires. L'action se déroule juste quelques jours après la prise de Demmin par les troupes suédoises (v. "Ça valait bien la Peene !").
Pannekow, petit village de drapiers et de tisserands, se trouve à la limite du Mecklembourg et de la Poméranie, et par conséquent à proximité des lignes suédoises. Il n'est pourtant gardé que par une petite garnison, et le pont qui enjambe la rivière n'est défendu que par quelques bastions en levées de terre, et une pièce d'artillerie. Sa position est en effet tellement perdue sur la carte, dans une contrée de marécages et de forêts, qu'il paraît peu probable que les Suédois en fassent un objectif majeur.
Le rôle de la garnison consiste donc plutôt à monter la garde et donner l'alerte en cas de mouvement hostile, qu'à réellement défendre le village. Et pourtant, nous allons voir... mais d'abord, revenons quelques années en arrière :
1626 : le trésor de Mansfeld
Alors qu'il vient de prendre le commandement d'une armée de mercenaires pour le compte des Danois, le Comte Mansfeld, « entrepreneur de guerre » protestant, décide de mettre à l'abri une partie de son important trésor de guerre en territoire « ami ».
Le Duché de Mecklembourg s'étant allié au Roi de Danemark, Mansfeld choisit donc une vieille chapelle désaffectée d'un village de cette province, et vient avec quelques hommes y cacher son butin. Parmi ceux qui l'assistent, se trouve le Sire de Bavoz, nobliau savoyard qui l'accompagne depuis le début de la guerre. Le trésor est caché sous la pierre d'autel de la chapelle, à la suite de quoi, ils rejoignent l'armée et marchent sus aux Impériaux, bien persuadés que la victoire sera facile et qu'après avoir repoussé l'armée catholique loin dans le sud, ils pourront revenir en toute quiétude récupérer le trésor, sur lequel le Sire de Bavoz a droit à une part non négligeable.
En fait, la chevauchée des Danois et de leurs alliés fut une jolie débandade. Après avoir fui devant les Impériaux, De Bavoz a fini par se trouver séparé de l'armée de Mansfeld qui faisait route vers le sud, et n'a eu d'autre recours que de suivre les Danois, qui regagnaient alors leurs places fortes du Nord de l'Allemagne et s'y enfermaient. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé en 1627 avec les survivants de sa troupe, coincé dans Brême.
Pendant ce temps, Mansfeld mourait en Bosnie alors qu'il tentait de remonter une nouvelle armée.
La surprise :
Seulement voilà : dans le cadre de la re-catholicisation des terres restituées, il a été décidé de doter Pannekow d'une église digne de ce nom. La chapelle désaffectée a donc été démolie, et une église « moderne » (une horreur baroque, quoi !) est actuellement en cours de construction.
Lors de la démolition de l'ancienne chapelle, les compagnons maçons et tailleurs de pierre ont bien entendu découvert le trésor. Fidèles aux traditions de leur Société, ils ont décidé d'en faire profiter l'ensemble de leurs frères, et d'utiliser cette somme pour constituer un fonds de secours, indispensable en ces époques troublées.
Les sommes d'argent trouvées ont donc été divisées pour être réparties ainsi : une part pour chaque Mère des compagnons (aubergiste qui accueille et héberge les compagnons durant leur voyage) ; et une part pour chaque Société compagnonnique locale (« cayenne »). Quant aux objets de valeur (bijoux, trésors ecclésiastiques) trouvés dans le trésor, ils ont été mis en garde chez un banquier juif de Dantzig.
Pour le moment, la répartition des parts dans les différentes Cayennes et aux diverses Mères se fait progressivement, et discrètement ; des compagnons de passage prenant la somme et l'emmenant à une Cayenne ou à une Mère, parfois à l'autre bout de l'Empire, en bravant les dangers de la route. Ainsi, pour le moment, il y a juste un peu plus de la moitié du trésor qui a été ainsi redistribué. Le restant est toujours à Pannekow, réparti ainsi :
La part destinée aux Mères, est gardée dans un coffre de l'aubergiste locale, elle-même Mère des compagnons de Pannekow.
La part destinée aux Cayennes est enterrée dans un coffre, dans la cabane à outils des compagnons.
Dernière édition par Eric de Gleievec le Mer 7 Mai 2014 - 23:15, édité 3 fois