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1794, et non 1795 comme un maitre de jeu peu scrupuleux , autrement dit ma pomme, l’a indiqué dans le scénario initial. L’heure est à la Terreur.
Cela dit, les habitants d’Hennebont ont une préoccupation plus urgente. Ils se serrent la ceinture de plusieurs crans. Car les campagnes, où les chouans règnent quasiment en maîtres, ne fournissent plus en vivres les marchés de la ville. Et les citadins ont grand faim.
La situation est si préoccupante que les autorités républicaines décident d’envoyer deux colonnes de la Garde nationale réquisitionner de la nourriture dans les fermes des environs : grains et bétail.
Les paysans seront payés en assignats. Une monnaie de singe qu’ils n’apprécient guère. Mais on ne discute pas de ce genre de détail avec les Robespierristes. Ou bien, tu livres tes vivres à la Nation, ou bien tu es traité comme tout brigand mérite de l’être : raccourci en bonne et due forme. Non mais !
Les « bleus » arrivent de deux directions différentes afin de mieux cerner le pays. Ils ont été placés sous le commandement de rudes officiers : le capitaine Mathurin Le Goëdic (Eric), qui a la haute main sur les deux colonnes ; ainsi que le lieutenant Mael Kersuzan (Patrice), grand spécialiste des razzias révolutionnaires.
Afin de stimuler l’ardeur de ces galonnés, les autorités municipales ont décrété que l'officier qui ramènera un butin plus modeste que celui de son collègue sera considéré comme traitre à la Nation, avec toutes les conséquences que cela entraine en ces temps de grande suspicion. Voilà qui , espère-t-on en haut-lieu, devrait couper court à toutes les hésitations.
Bien informés comme de coutume, les chouans ont bien sûr eu vent de l’expédition. Ils se promettent donc d’empêcher les patauds de piller les fermes locales.
Les insurgés sont dirigés par le fameux Pierre-Mathurin Mercier, dit « La Vendée », en personne (Ehouarn), l’un des lieutenants de Cadoudal.
Le chef royaliste est secondé par Jean-Sébastien Guyodo (Jacques), un capitaine de paroisse adulé par ses hommes et réputé pour sa bravoure. J’ai tiré son nom d’une liste de chouans répertoriée, commune par commune, sur un livret consultable de nos jours à la Maison des chouans, à Bignan, au cœur du Morbihan.
Armée d’une fourche bien aiguisée, une fermière du pays, Dominique Le Goff, surnommée « La faucheuse de Malestroit » (la lointaine commune dont elle est originaire), est venue les rejoindre.
Cela dit, Mercier ne décolère pas. Si ses espions ont découvert les intentions des bleus, ces jean-foutre ont été dans l’incapacité de savoir par quel chemin ou quelle route les soldats républicains allaient arriver.
Il va donc falloir s’organiser pour monter des embuscades à des endroits stratégiques. Chose qui sera faite en fournissant au maitre de jeu un plan sur lequel des gommettes qui indiquent les lieux de guet-apens ont été collées.
Histoire de pimenter un peu les choses, une rumeur a de même été ajoutée au scénario.
Selon un bruit qui court dans la campagne (et Dieu sait si ce genre de bruit court vite) , une importante somme d’argent destinée aux chouans devrait en effet être remise aux insurgés du secteur par un messager du comte d’Artois.
Cette somme ferait bien les affaires de Mercier, car les armes coutent cher. Cela dit, elle intéresse également Guyodo.
Ce dernier ne le crie pas sur les toits, mais il a grand besoin d’argent pour retaper sa grange. Et il ne voit pas pourquoi, s’il met la main sur le trésor, il irait partager le pognon avec les ahuris des paroisses voisines. Fussent-ils royalistes. Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même.
Cerise sur le gâteau, ou coulis de caramel sur la crêpe, grâce à la caisse de résonnance que constituent les bavardages tenus dans les auberges locales, les bleus ont – eux aussi – entendu dire que des pièces d’or circulaient dans le pays. Mais ils n’en savent pas plus. Voilà en tout cas qui ferait grande impression sur les autorités s’ils parvenaient à s’en emparer.
Sous la conduite de Ehouarn, alias Mercier-La-Vendée, les chouans organisent leurs lieux d'embuscade
Tandis que les paysans locaux, innocents comme l'agneau qui vient de naitre mais rapiats comme pas un lorsqu'ils s'agit d'approvisionner les marchés de la ville républicaine, ne se doutent de rien.
Les colonnes bleues avançent, impitoyables et peu enclines à discutailler avec les fermiers
Ceux qui s'enfuient avec leur bétail sont rattrapés et proprement fusillés.
Et la razzia révolutionnaire se poursuit
Planqués derrière leurs haies, les chouans veillent toutefois
Alors que les paysans affolés tentent d'emmener leurs bêtes vers les bois, afin de s'y cacher, toute la campagne commence à résonner de coups de feu et de bruits de lames qui s'entrechoquent Les embuscades donnent à plein
C'est à ce moment que le chef de paroisse Jean-Sébastien Guyodo découvre un blessé gisant dans un buisson, où il s'était dissimulé. Interrogé par le chouan, l'homme révèle qu'il est un messager du comte d'Artois, chargé d'amener de l'or aux chouans. Hélas, poursuit-il, le coffre contenant son trésor lui a été dérobé par un certain Ewan, le régisseur du domaine de la Pétaudière qui l'a agressé et quasiment laissé pour mort. Le domaine , qui est réputé dans la région pour son élevage de chevaux, se trouve à deux pas de là.
Finaud et avaricieux, Guyodo - qui est interrogé par son chef - se contente de dire à Mercier La Vendée qu'il est tombé sur un simple fuyard. Mais il se garde bien d'en révéler plus.
A la Pétaudière justement, on tremble. Car l'une des colonnes républicaines est arrivée aux portes du domaine, bien décidée à mettre la main sur tout le butin qu'elle pourra emporter
Les soudards commandés par le capitaine Le Goëdic ne font pas dans la dentelle. Ils défoncent les portes et fouillent le logis principal de fond en comble. Même les conduits de cheminée sont inspectés. Mais rien ! Bernique, oualpé et peau de lapin ! Les soldats font partout chou-blanc.
Les occupants des lieux, eux, sont rudement interrogés. "Qu'est-ce que vous cachez ici, hein ? Vous allez répondre, bande de bougres ? "
Il y a là François René Hippolyte de la Pétaudière ; son épouse Magdeleine, née baronne de Tasdebeaux-Yeuxtusais, et Ewan, le régisseur.
Tous trois protestent de leur innocence et assurent qu'ils n'ont rien à dissimuler. Tandis que leur vieille servante insulte en breton les biffins qui la rudoient.
Le capitaine républicain, furieux de n'obtenir aucune réponse satisfaisante à ses questions, décide finalement d'embarquer tout ce fatras de ci-devants. "On s'expliquera au poste, scrogneugneu ! " Au passage, quelques tonneaux de grains sont chargés dans une charrette et les chevaux de l'écurie sont raflés. La troupe disparate se met en route
Personne ne semble alors avoir remarqué deux personnages, vêtus d'habits ressemblant étrangement à des uniformes d'émigrés, qui se sont discrètement éclipsés par l'arrière du domaine dès que les soldats républicains ont été aperçus. Qui sont-ils ? Mystère, fleurs de lys et boules de gomme
Beaucoup plus bruyante est par contre l'arrivée de deux dragons dans le domaine. Après avoir traversé tout le pays au galop, ces derniers demandent à parler de toute urgence au commandant de la colonne. Leur message est délivré entre deux souffles rauques : "Raaaahhh ... Mon capitaine ! Aaarf ! Gargle ! ... Nous arrivons d'Hennebont et sommes porteurs d'une nouvelle de la plus haute importance".
- "Hé bien quoi, s'insupporte Le Goëdic, parlez, nom d'une vérole !"
- "Voilà l'affaire, mon capitaine. Nous sommes venus vous prévenir que votre femme vient d'accoucher. Rassurez vous, elle se porte bien et le bébé également. C'est un solide garçon. Par contre, il y a un problème, qui nécessite votre retour de toute urgence à Hennebont"
- "Expliquez-vous, milliard de vingt de diousse !" éructe Le Goëdic, impatient d'en savoir plus.
- "Hé bien voilà, l'enfant est né avec une fleur de lys tatouée sur la fesse gauche. Inutile de dire que cela jase beaucoup en ville. Les autorités réclament d'ailleurs des explications".
- "Hum, bon, bien... De toutes façons, nous repartons vers la ville. On verra ça sur place. En attendant, je vous recrute. Vous ne serez pas de trop pour nous escorter" répond le galonné, rouge comme une pivoine et un chouia embarrassé, tout en grommelant contre les dragons, les tatouages, les fleurs, les fesses et les bougresses en général.
Le renfort des dragons n'est pas de trop. Car les hommes de Mercier la Vendée, qui attendaient leur heure en bavant d'impatience, attaquent soudain le convoi républicain. L'embuscade tourne au carnage. D'autant plus que des cavaliers royalistes venus à la rescousse des chouans viennent donner du sabre dans la mêlée. Comme dira plus tard Monsieur Victor, "la lutte est ardente et noire". Les bleus voient leurs rangs se réduire comme peau de chagrin
Bien que le cruel capitaine républicain ait tenté de faire passer ses otages au fil de la baïonnette, les prisonniers sont libérés et ce qu'il reste des patauds s'enfuit à l'autre bout du domaine.
Des cris d'allégresse retentissent chez les chouans.
Dans la foulée, Mercier La Vendée apprend par ses potes royalistes que les inconnus qui ont quitté discrètement le domaine à l'approche des républicains ne sont autres que les compagnons du messagers du comte d'Artois.
Compagnons pas très futés au demeurant, car - au détour d'un chemin creux - ces abrutis ont perdu la trace de leur copain et ils ignorent totalement où celui-ci peut maintenant se trouver. Même chose pour le pognon, bien entendu.
Mercier, qui a oublié d'être benêt quand il est venu au monde, et qui a aussi vu de loin les républicains fouiller le logis de la Pétaudière, a toutefois sa petite idée sur la question.
Il ordonne derechef que l'on sonde le puits du domaine. C'est en effet le seul endroit où les soldats n'ont pas regardé. Bingo ! Le coffre d'or s'y trouve. Tournée de cidre et de galettes-saucisses pour tout le monde !
A l'autre bout du pays, les affaires ne vont guère mieux pour l'autre colonne républicaine, celle que commande Mael Kersuzan. Après avoir rempli ses charrettes de butin jusqu'à la gueule, celui-ci se voit assaillir par moult chouans. Des "brigands" qui déciment sa troupe et vont même jusqu'à interdire l'accès du pont menant à la route d'Hennebont. Ce qui oblige l'officier bleu à charger quelques maigres tonneaux de grains dans une barque et à tenter de remonter le courant du Blavet pour revenir en ville.
Au moins, lui, il sauvera sa tête. Car , après avoir fait chou blanc à la Pétaudière, le capitaine Le Goëdic, décidera pour sa part de démissionner et d'aller voir ailleurs si aucun guillotineur républicain ne s'y trouve.
Aux dernières nouvelles, il se serait reconverti en vendeur de redingotes françaises dernier cri, quelque part dans une rue du vieux Londres. Ce qui est somme toute cohérent pour un militaire qui a pris une veste.
Cela dit, les habitants d’Hennebont ont une préoccupation plus urgente. Ils se serrent la ceinture de plusieurs crans. Car les campagnes, où les chouans règnent quasiment en maîtres, ne fournissent plus en vivres les marchés de la ville. Et les citadins ont grand faim.
La situation est si préoccupante que les autorités républicaines décident d’envoyer deux colonnes de la Garde nationale réquisitionner de la nourriture dans les fermes des environs : grains et bétail.
Les paysans seront payés en assignats. Une monnaie de singe qu’ils n’apprécient guère. Mais on ne discute pas de ce genre de détail avec les Robespierristes. Ou bien, tu livres tes vivres à la Nation, ou bien tu es traité comme tout brigand mérite de l’être : raccourci en bonne et due forme. Non mais !
Les « bleus » arrivent de deux directions différentes afin de mieux cerner le pays. Ils ont été placés sous le commandement de rudes officiers : le capitaine Mathurin Le Goëdic (Eric), qui a la haute main sur les deux colonnes ; ainsi que le lieutenant Mael Kersuzan (Patrice), grand spécialiste des razzias révolutionnaires.
Afin de stimuler l’ardeur de ces galonnés, les autorités municipales ont décrété que l'officier qui ramènera un butin plus modeste que celui de son collègue sera considéré comme traitre à la Nation, avec toutes les conséquences que cela entraine en ces temps de grande suspicion. Voilà qui , espère-t-on en haut-lieu, devrait couper court à toutes les hésitations.
Bien informés comme de coutume, les chouans ont bien sûr eu vent de l’expédition. Ils se promettent donc d’empêcher les patauds de piller les fermes locales.
Les insurgés sont dirigés par le fameux Pierre-Mathurin Mercier, dit « La Vendée », en personne (Ehouarn), l’un des lieutenants de Cadoudal.
Le chef royaliste est secondé par Jean-Sébastien Guyodo (Jacques), un capitaine de paroisse adulé par ses hommes et réputé pour sa bravoure. J’ai tiré son nom d’une liste de chouans répertoriée, commune par commune, sur un livret consultable de nos jours à la Maison des chouans, à Bignan, au cœur du Morbihan.
Armée d’une fourche bien aiguisée, une fermière du pays, Dominique Le Goff, surnommée « La faucheuse de Malestroit » (la lointaine commune dont elle est originaire), est venue les rejoindre.
Cela dit, Mercier ne décolère pas. Si ses espions ont découvert les intentions des bleus, ces jean-foutre ont été dans l’incapacité de savoir par quel chemin ou quelle route les soldats républicains allaient arriver.
Il va donc falloir s’organiser pour monter des embuscades à des endroits stratégiques. Chose qui sera faite en fournissant au maitre de jeu un plan sur lequel des gommettes qui indiquent les lieux de guet-apens ont été collées.
Histoire de pimenter un peu les choses, une rumeur a de même été ajoutée au scénario.
Selon un bruit qui court dans la campagne (et Dieu sait si ce genre de bruit court vite) , une importante somme d’argent destinée aux chouans devrait en effet être remise aux insurgés du secteur par un messager du comte d’Artois.
Cette somme ferait bien les affaires de Mercier, car les armes coutent cher. Cela dit, elle intéresse également Guyodo.
Ce dernier ne le crie pas sur les toits, mais il a grand besoin d’argent pour retaper sa grange. Et il ne voit pas pourquoi, s’il met la main sur le trésor, il irait partager le pognon avec les ahuris des paroisses voisines. Fussent-ils royalistes. Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même.
Cerise sur le gâteau, ou coulis de caramel sur la crêpe, grâce à la caisse de résonnance que constituent les bavardages tenus dans les auberges locales, les bleus ont – eux aussi – entendu dire que des pièces d’or circulaient dans le pays. Mais ils n’en savent pas plus. Voilà en tout cas qui ferait grande impression sur les autorités s’ils parvenaient à s’en emparer.
Sous la conduite de Ehouarn, alias Mercier-La-Vendée, les chouans organisent leurs lieux d'embuscade
Tandis que les paysans locaux, innocents comme l'agneau qui vient de naitre mais rapiats comme pas un lorsqu'ils s'agit d'approvisionner les marchés de la ville républicaine, ne se doutent de rien.
Les colonnes bleues avançent, impitoyables et peu enclines à discutailler avec les fermiers
Ceux qui s'enfuient avec leur bétail sont rattrapés et proprement fusillés.
Et la razzia révolutionnaire se poursuit
Planqués derrière leurs haies, les chouans veillent toutefois
Alors que les paysans affolés tentent d'emmener leurs bêtes vers les bois, afin de s'y cacher, toute la campagne commence à résonner de coups de feu et de bruits de lames qui s'entrechoquent Les embuscades donnent à plein
C'est à ce moment que le chef de paroisse Jean-Sébastien Guyodo découvre un blessé gisant dans un buisson, où il s'était dissimulé. Interrogé par le chouan, l'homme révèle qu'il est un messager du comte d'Artois, chargé d'amener de l'or aux chouans. Hélas, poursuit-il, le coffre contenant son trésor lui a été dérobé par un certain Ewan, le régisseur du domaine de la Pétaudière qui l'a agressé et quasiment laissé pour mort. Le domaine , qui est réputé dans la région pour son élevage de chevaux, se trouve à deux pas de là.
Finaud et avaricieux, Guyodo - qui est interrogé par son chef - se contente de dire à Mercier La Vendée qu'il est tombé sur un simple fuyard. Mais il se garde bien d'en révéler plus.
A la Pétaudière justement, on tremble. Car l'une des colonnes républicaines est arrivée aux portes du domaine, bien décidée à mettre la main sur tout le butin qu'elle pourra emporter
Les soudards commandés par le capitaine Le Goëdic ne font pas dans la dentelle. Ils défoncent les portes et fouillent le logis principal de fond en comble. Même les conduits de cheminée sont inspectés. Mais rien ! Bernique, oualpé et peau de lapin ! Les soldats font partout chou-blanc.
Les occupants des lieux, eux, sont rudement interrogés. "Qu'est-ce que vous cachez ici, hein ? Vous allez répondre, bande de bougres ? "
Il y a là François René Hippolyte de la Pétaudière ; son épouse Magdeleine, née baronne de Tasdebeaux-Yeuxtusais, et Ewan, le régisseur.
Tous trois protestent de leur innocence et assurent qu'ils n'ont rien à dissimuler. Tandis que leur vieille servante insulte en breton les biffins qui la rudoient.
Le capitaine républicain, furieux de n'obtenir aucune réponse satisfaisante à ses questions, décide finalement d'embarquer tout ce fatras de ci-devants. "On s'expliquera au poste, scrogneugneu ! " Au passage, quelques tonneaux de grains sont chargés dans une charrette et les chevaux de l'écurie sont raflés. La troupe disparate se met en route
Personne ne semble alors avoir remarqué deux personnages, vêtus d'habits ressemblant étrangement à des uniformes d'émigrés, qui se sont discrètement éclipsés par l'arrière du domaine dès que les soldats républicains ont été aperçus. Qui sont-ils ? Mystère, fleurs de lys et boules de gomme
Beaucoup plus bruyante est par contre l'arrivée de deux dragons dans le domaine. Après avoir traversé tout le pays au galop, ces derniers demandent à parler de toute urgence au commandant de la colonne. Leur message est délivré entre deux souffles rauques : "Raaaahhh ... Mon capitaine ! Aaarf ! Gargle ! ... Nous arrivons d'Hennebont et sommes porteurs d'une nouvelle de la plus haute importance".
- "Hé bien quoi, s'insupporte Le Goëdic, parlez, nom d'une vérole !"
- "Voilà l'affaire, mon capitaine. Nous sommes venus vous prévenir que votre femme vient d'accoucher. Rassurez vous, elle se porte bien et le bébé également. C'est un solide garçon. Par contre, il y a un problème, qui nécessite votre retour de toute urgence à Hennebont"
- "Expliquez-vous, milliard de vingt de diousse !" éructe Le Goëdic, impatient d'en savoir plus.
- "Hé bien voilà, l'enfant est né avec une fleur de lys tatouée sur la fesse gauche. Inutile de dire que cela jase beaucoup en ville. Les autorités réclament d'ailleurs des explications".
- "Hum, bon, bien... De toutes façons, nous repartons vers la ville. On verra ça sur place. En attendant, je vous recrute. Vous ne serez pas de trop pour nous escorter" répond le galonné, rouge comme une pivoine et un chouia embarrassé, tout en grommelant contre les dragons, les tatouages, les fleurs, les fesses et les bougresses en général.
Le renfort des dragons n'est pas de trop. Car les hommes de Mercier la Vendée, qui attendaient leur heure en bavant d'impatience, attaquent soudain le convoi républicain. L'embuscade tourne au carnage. D'autant plus que des cavaliers royalistes venus à la rescousse des chouans viennent donner du sabre dans la mêlée. Comme dira plus tard Monsieur Victor, "la lutte est ardente et noire". Les bleus voient leurs rangs se réduire comme peau de chagrin
Bien que le cruel capitaine républicain ait tenté de faire passer ses otages au fil de la baïonnette, les prisonniers sont libérés et ce qu'il reste des patauds s'enfuit à l'autre bout du domaine.
Des cris d'allégresse retentissent chez les chouans.
Dans la foulée, Mercier La Vendée apprend par ses potes royalistes que les inconnus qui ont quitté discrètement le domaine à l'approche des républicains ne sont autres que les compagnons du messagers du comte d'Artois.
Compagnons pas très futés au demeurant, car - au détour d'un chemin creux - ces abrutis ont perdu la trace de leur copain et ils ignorent totalement où celui-ci peut maintenant se trouver. Même chose pour le pognon, bien entendu.
Mercier, qui a oublié d'être benêt quand il est venu au monde, et qui a aussi vu de loin les républicains fouiller le logis de la Pétaudière, a toutefois sa petite idée sur la question.
Il ordonne derechef que l'on sonde le puits du domaine. C'est en effet le seul endroit où les soldats n'ont pas regardé. Bingo ! Le coffre d'or s'y trouve. Tournée de cidre et de galettes-saucisses pour tout le monde !
A l'autre bout du pays, les affaires ne vont guère mieux pour l'autre colonne républicaine, celle que commande Mael Kersuzan. Après avoir rempli ses charrettes de butin jusqu'à la gueule, celui-ci se voit assaillir par moult chouans. Des "brigands" qui déciment sa troupe et vont même jusqu'à interdire l'accès du pont menant à la route d'Hennebont. Ce qui oblige l'officier bleu à charger quelques maigres tonneaux de grains dans une barque et à tenter de remonter le courant du Blavet pour revenir en ville.
Au moins, lui, il sauvera sa tête. Car , après avoir fait chou blanc à la Pétaudière, le capitaine Le Goëdic, décidera pour sa part de démissionner et d'aller voir ailleurs si aucun guillotineur républicain ne s'y trouve.
Aux dernières nouvelles, il se serait reconverti en vendeur de redingotes françaises dernier cri, quelque part dans une rue du vieux Londres. Ce qui est somme toute cohérent pour un militaire qui a pris une veste.
Dernière édition par SIR JACK le Mer 8 Nov 2023 - 18:57, édité 5 fois
