Secrets de famille (juillet 2022, le Pouldu)

Mieux vaut tard que jamais, le compte-rendu de cette partie mouvementée arrive enfin !

Ce compte-rendu relate l'aventure jouée au Pouldu en juillet 2022, et qui fait suite à celle du festival Ludocéan (Clohars-Carnoët) du 1er mai précédent ("Beltène sanglant").

Personnages / Joueurs :

Broccius, seigneur gallo-romain (Jacques)

Kynwyl, missionaire gallois (Patrice)

Sandulf, chef mercenaire goth (Nicolas)

Briomaglus, aventurier breton (Arnauld)

Sigmer, chef franc (Michel)

Les forestiers (Tudual)

MJ : Eric


Nous sommes au début de l'été 470 ap. J-C. Le père Kynwyl est donc arrivé du pays pictave vers l'estuaire de la Loire, et reprend en mains la « Vraie Foi » dans la contrée, tout en respectant certains usages païens (en les mettant discrètement à la sauce chrétienne). Il continue également à rechercher les reliques de Saint Pelo, « venu d'au-delà de la mer ».
L'intention de Kynwyl est de fonder un prieuré sur place, qu'il confiera à l'un de ses moines, lui-même comptant retourner plus tard en mission.

Le chef franc Sigmer, qui avait fait main basse sur le village côtier après la mort du chef gallo-romain face à des pillards bretons, arrive tant bien que mal à se faire accepter par la population locale, en tous cas aucune révolte ne montre le bout de son nez. Il a pris contact avec Broccius, un chef gallo-romain vivant plus au nord, afin de lancer avec lui des échanges commerciaux.

Justement ce Broccius a une fille unique et charmante, Dunnonia, que Sigmer verrait bien mariée à son fils Sunnon : Broccius est le gendre d'un patricien qui règne sur ce qui reste de la cité de Portus Namnetum (Nantes). S'allier à cette famille permettrait aux Francs de poser le pied de façon stable en cette contrée en tant qu' « alliés », et par la suite avec d'autres chefs de tribu... contrôler tout le cours de la Loire.

Cependant, Broccius a bien du souci avec cette fille ; il s'avère qu'elle est enceinte, et refuse de donner le nom de son amant. Cette affaire met d'autant plus le chef en colère, qu'il a promis sa fille en mariage à Dagomar, noble armoricain qui tient un oppidum sur la côte, plus à l'ouest.
Il va falloir agir vite ; la grossesse de la fille n'est pas encore très avancée, Broccius compte donc y faire mettre un terme. On dit que dans la forêt proche, une communauté de femmes-sages pratique de nombreux remèdes traditionnels, et qu'elles savent bien sûr gérer une grossesse... et l'interrompre en cas de besoin. Il paraît même qu'elles pourraient recréer une virginité à Dunnonia...

Broccius est donc parti vers la forêt avec Dunnonia dans une voiture à cheval, et une petite escorte, en laissant le village à son beau-frère Ernius... individu peu recommandable, mais la famille, c'est sacré !

En réalité Dunnonia a rencontré en forêt un aventurier breton, Briomaglus. Le coup de foudre a été immédiat, et ils se sont revus souvent, leurs rencontres gagnant toujours un peu plus en intimité. La servante de Dunnonia est complice, et contre une lampée de cervoise et une bonne part de viande, ses gardes savent se faire discrets...

Et donc, hier au soir, Briomaglus a vu arriver, seule et à pied, sa servante totalement effarée qui lui a expliqué la situation : Dunnonia a été enfermée par son père, qui compte l'emmener auprès de « thérapeutes » qui sauront, c'est du moins ce qu'on affirme, rendre à sa fille sa « valeur marchande ».

La servante pense savoir où se trouve le village de ces thérapeutes, et se propose d'y mener le Breton, afin  soit de rencontrer son père et le convaincre de renoncer à son projet... soit, ce qui semble plus réaliste, d'enlever la demoiselle, tout en évitant d'abîmer trop « Beau-Papa »...

Et pendant ce temps ; dans son prieuré en construction, le père Kynwyl reçoit la visite d'un autochtone, qui lui assure connaître l'endroit où sont gardées les reliques de saint Pelo. Il s'agit d'une très ancienne « table de pierre » située dans la forêt proche.
Il s'est proposé, en échange d'un bon repas chaud, et de denrées alimentaires pour la semaine, de guider les moines, tout en prévenant qu'il y avait sur place une communauté forestière aux mœurs étranges ; pensez-donc, il s'agit de travailleurs de la forêt menés par un groupe de femmes, qui pratiquent la médecine, la divination, et continuent de perpétuer les anciens cultes...


De fait, dans la forêt marécageuse qui s'étend entre le village côtier pris par Sigmer, et celui de Broccius, vivent une trentaine de personnes au parler archaïque, dirigées par une poignée de matriarches, des femmes au savoir reconnu et redouté, que même « ceux de dehors » viennent souvent consulter. Parmi ces femmes-sages, se trouve Camula, une toute jeune fille qui voit dans l'invisible, parle par énigmes et prophétise sur les temps à venir.



Dans la communauté, on raconte qu'il y a plus d'un siècle, un des derniers druides, Pelw, est venu d'au delà des mers, et s'est installé dans la contrée, soignant, prophétisant et transmettant son enseignement. Une nuit, il fut pris dans une lutte contre de noirs démons qui étendaient depuis les marais leur pouvoir sur la forêt, cherchant à pervertir celle-ci.
A l'aube, les démons avaient été vaincus ; mais le chef de ceux-ci avant de disparaître, frappa Pelw d'un coup de sabot fourchu à la tête, et le vieux sage s'effondra, mort.

Les matriarches gardèrent son corps dans la « table du géant ». Pour certains rituels il arrive encore aujourd'hui que son crâne fendu soit sorti au grand jour.

Or, depuis quelques lunes, Camula a été prise de visions récurrentes. Elle annonce le retour de Pelw, qui doit naître en elle, d'une union avec un homme d'au delà des mers, venant de la même contrée que le druide. La renaissance de Pelw d'un corps de femme, est un événement d'importance pour la forêt et la communauté. Selon Camula, Pelw parvenu à l'âge adulte, retrouvera ses pouvoirs anciens par un rite encore inconnu, et sera dès lors à même de sauver le « peuple de la forêt » de la dégénérescence et de la disparition qui le guettent.

Les matriarches se sont consultées ; elles ont décidé d'apporter du crédit aux visions de Camula, qui jusqu'alors se sont toujours avérées justes.

Des hommes de la communauté ont donc été envoyés à la lisière de la forêt, vers le monde de dehors, afin de trouver « l'homme d'au-delà des mers ».

Dans le même temps, se passent bien d'autres choses. Les Francs de Sigmer marchent donc vers le nord, en direction du village de Broccius ; ils sont accompagnés d'un moine de Kynwyl qui fera office de scribe. Leur but est donc de conclure une alliance via le mariage entre le fils de Sigmer et la fille de Broccius.

En chemin ils vont rencontrer Kynwyl et ses gens, et aussi Briomaglus et sa troupe, ces deux groupes marchant vers la forêt.



Et pendant ce temps, qu'arrive-t-il à Broccius ?
Hé bien, voilà que son convoi se trouve menacé par une troupe de cavaliers hétéroclite, qui leur fonce dessus à travers les marais.



Il s'agit des mercenaires de Sandulf. Sandulf est un Goth, qui mène une troupe composée de ses compatriotes, mais aussi de cavaliers huns.

Or Sandulf a été contacté par un nommé  Vulpius. Ce dernier lui a demandé de bien vouloir s'en prendre à un convoi, comportant une escorte plutôt moyenne. Le but est d'éliminer le chef de ce convoi (Broccius) et de capturer la jeune femme qu'il escorte, puis de l'amener « sans l'abîmer » et en lui bandant les yeux, à un lieu de rendez-vous convenu, un mégalithe qui marque la limite entre la région côtière et les marécages.

Une bourse de 50 pièces d'argent a d'ores et déjà été remise ; la suite du salaire, plusieurs têtes de bétail, sera remise à réception de la demoiselle, qui devra ignorer bien sûr où on la mène, et qui a commandité l'affaire...

En réalité Vulpius n'est autre qu'Ernius, le beau-frère de Broccius et donc oncle de Dunnonia. Il a décidé d'éliminer le chef du village et de faire enlever sa fille, pour ensuite faire mine de la sauver des mains des pillards, la rapporter saine et sauve au village et l'épouser ; Dunnonia étant la seule héritière de Broccius, Ernius deviendrait ainsi chef du village (et tant pis pour la consanguinité...)

Cependant le plan de Vulpius/Ernius va tourner court.

Superbe...
J'avais oublié la plupart des détails (...sauf ceux qui m'ont fait le plus flipper).

Tables et figs au poil

A compter de ce moment la situation va devenir quelque peu confuse... Il est possible que je commette quelques erreurs, merci de me corriger le cas échéant.




Broccius parvient à faire faire demi-tour à la carriole avant que les mercenaires de Sandulf n'arrivent au contact. Il va donc s'enfuir vers le village, en laissant son escorte bloquer le pont et se faire massacrer joyeusement.






Les mercenaires ayant échoué, les voilà qui s'éloignent vers la forêt. Broccius monte sur son rempart, et contemple l'horizon d'un air désabusé.

Sandulf compte bien aller au lieu de rendez-vous avec Vulpius, en faisant croire à ce dernier que la mission a réussi. Il se dirige vers la forêt, dans l'idée d'y trouver une jeune femme « de substitution ».

Arrivé dans la communauté, il constate que Briomaglus est déjà présent avec sa troupe de Bretons, ce qui limite toute possibilité d'intervention « musclée ». Le père Kynwyl est également arrivé sur les lieux.

De toutes façons les gens de la communauté n'ont aucune jeune femme à prêter, et pas davantage à vendre !

Sandulf repart vers le lieu de rendez-vous en méditant son plan.

Dans la communauté, Kynwyl et Briomaglus font connaissance avec les matriarches et mènent chacun leurs affaires. Kynwyl va réussir à se faire montrer le crâne de Pelo/Pelw, il devra bien entendu le laisser sur place. Il n'est cependant pas exclu qu'il puisse en avoir l'usage lors de fêtes chrétiennes, tant que la relique retrouve sa place à chaque fois.

Bien sûr il envisage de construire un jour une chapelle sur la table de pierre ; mais pour le moment cela paraît très prématuré, les forestiers n'étant pas DU TOUT disposés à céder la place.

Briomaglus, voyant que le convoi qui devait transporter sa dulcinée dans la forêt n'est pas arrivé, va tenter d'en savoir davantage sur la communauté forestière, ses rapports avec Broccius... lorsque la jeune Camula, juste vêtue d'un drap blanc, l'aborde. La jeune femme a reçu le pressentiment que « L'homme d'au-delà des mers » était très proche. Après questionnement aux visiteurs, il s'avère que tous viennent d'au delà de la mer, Kynwyl comme Briomaglus, ainsi que leurs compagnies respectives.


Camula entame une discussion serrée avec Briomaglus. Celui-ci confirme qu'il vient bien « d'au-delà de la mer », et somme toute, la perspective de devoir s'accoupler avec la jouvencelle ne semble pas l'effaroucher outre-mesure.

Cependant la jeune femme et les matriarches comprennent vite qu'il y a maldonne. Briomaglus semble n'avoir aucun lien avec Pelw, du coup les femmes expliquent que maintenant que le premier contact est pris, hé bien... c'est très bien mais... il va falloir attendre une lune complète afin de préparer une cérémonie... et puis, confirmer que vous êtes bien la personne requise... bref, rentrez chez vous, on vous écrira.

Briomaglus un peu frustré se verse un bon broc d'eau froide dans les braies, et remonte en selle. Persuadé que la jeune femme qu'il convoite « pour de bon », Dunnonia, est toujours au village de Broccius, il va donc tenter de s'y rendre.

Sandulf a accoutré le plus petit de ses hommes avec des effets « féminins » et lui a mis un sac sur la tête ; puis il a demandé à l'un de ses Huns de se mettre en travers de son cheval, façon cadavre. Avec ses leurres il approche du lieu de rendez-vous.

Vulpius/Ernius n'a qu'une toute petite escorte. Sandulf lui affirme que la mission a été accomplie, et propose à son interlocuteur de venir constater lui-même que Broccius a bien été occis.
Au moment où Ernius s'approche du « cadavre », Sandulf l'abat proprement. L'escorte s'enfuit sans demander son reste.

Comme il faut bien s'occuper jusqu'à la tombée de la nuit, Sandulf va s'intéresser de très près au prieuré de Kynwyl...




Pendant ce temps, Briomaglus et Sigmer ont décidé de s'allier pour prendre d'assaut le village de Broccius.

Ils s'avancent menaçants, passent le pont sans encombre, trouvent une échelle dans les bâtiments extérieurs, et commencent à monter au rempart.




Les guerriers gallo-romains sont vite hors de combat.
Broccius, voyant que tout est perdu, cherche à fuir par l'autre porte avec sa fille ; mais celle-ci reste introuvable. En fait elle a déjà fui et se cache à l'extérieur du village en attendant de retrouver son amant Briomaglus.

Broccius s'enfuit donc dépité vers Portus Namnetum, pour aller tout cafter à son beau-père.


De retour au village, Kynwyl s'inquiète de la présence des mercenaires, et craint de devoir en découdre. Cependant ceux-ci, n'ayant rien trouvé d'intéressant à se mettre sous la dent, vont reprendre leur route.




Une discussion a lieu entre Sigmer et Briomaglus. Sigmer renonce à la fille, mais garde le village, qu'il confiera à son fils (en attendant de lui trouver une autre héritière). Briomaglus quant à lui, va poursuivre sa route en emmenant avec lui sa dulcinée Dunnonia.

Et « l'homme d'au delà des mers » ? Hé bien, il était bel et bien présent ; mais pour l'heure, il n'a pas été découvert par les matriarches...

Tout est donc bien qui finit pas trop mal, sauf pour Broccius et Ernius.

Excellent ! Depuis le temps, on ne l'attendait plus !

Il y aurait même une gwerz (complainte bretonne traditionnelle) ancestrale sur cet événement, transmise de génération en génération depuis des siècles. Malheureusement Théodore Hersart de La Villemarqué n'avait pas cru utile de l'inclure dans son recueil le Barzhaz Breizh au XIXe. Mais en voici un court extrait en exclusivité :

“Tostait holl, ha selaouit,
Un dra souezhus-tre e klevit.

Ur rentañ-kont Éric en deus graet !
War ar forom eo bet postet !

Meulomp holl an Aotrou Doue !
Ur burzhud eo, e gwirionez !“

“Approchez tou·te·s, et écoutez,
Une chose très étonnante vous entendrez.

Un compte-rendu Éric a fait !
Sur le forum a été posté !

Louons tous (et toutes) le Seigneur Dieu !
C'est un miracle, en vérité !“