Trois femmes attendaient dans une maison, l'une blonds ses cheveux, l'autre bruns ses cheveux, la troisième roux ses cheveux, et les guerrières choisirent un des nobles cavaliers et l'envoyèrent dans cette maison pour renouveler leur race ; puis quand ce guerrier fut fatigué le second noble cavalier alla l'y remplacer ; puis après eux le noble Galanan dut lui aussi faire don de lui-même, et tout ce temps le barde regardait par la fenêtre pour chanter plus tard ces exploits dans les festins des rois pictes.
Les guerrières partagèrent des boissons avec toute la troupe. Au matin, Galanan se remit en route vers le nord, et son druide, et son barde, et sa troupe armée avec lui, et le chariot portant Lachlann et la guérisseuse, et ses cousines et cousins, et quatre guerrières du village qui se joignirent à sa troupe. Par moments la tête leur tournait, comme du breuvage bu la veille ; et ils marchaient dans un sens et puis dans l'autre, sans avancer beaucoup.
Seules les guerrières du village ne semblaient pas affectées par ce trouble. Voyant cela, Galanan dit aux quatre guerrières "Marchez devant nous et nous vous suivrons" et ainsi fut fait. Et aussi, Galanan et ses deux nobles cavaliers qui comme lui avaient été dans la maison des jeunes femmes, virent que leurs épées étaient émoussées dans leurs fourreaux; et le druide dit qu'il fallait la pierre d'un menhir pour les aiguiser; et près du chemin ils trouvèrent une longue pierre couchée, et sur cette pierre ils aiguisèrent leurs épées.
Et plus loin, ils arrivèrent dans une forêt où il y avait une petite hutte où vivait une vieille femme.
Un chaudron était posé sur un foyer près de la hutte, et Galanan regarda le chaudron, et Galanan regarda le druide, et le druide regarda Galanan, et le druide regarda le chaudron, et le druide dit à Galanan "Bah, c'est pas ça, il est trop petit", et Galanan répondit "Oh...! Crotte de brebis."
La vieille femme leur fit boire une tisane qui dissipa leur confusion. Elle demanda à être récompensée, et qu'une des jeunes cousines de Galanan restât avec elle pour travailler jusqu'à leur retour. Elle leur dit aussi que le chaudron magique se trouvait plus loin au nord, et qu'ils verraient là-haut quelque chose d'insolite.
Alors Galanan se remit en route vers le nord, et son druide, et son barde, et sa troupe armée avec lui, et le chariot portant Lachlann et la guérisseuse, et ses cousines et cousins sauf une, et les quatre guerrières.
Et au loin ils aperçurent une colline magique, la tombe ancienne d'un grand guerrier ou d'une grande guerrière du passé.
Il en approchèrent et voulurent y entrer.
Le druide tenta d'ouvrir le passage en récitant des formules, mais cela ne s'ouvrit point. Le barde essaya aussi et il y parvint.
Un chaudron et d'autres récipients et objets étaient alignés le long du mur. Galanan regarda ces objets, et Galanan regarda le druide, et le druide regarda Galanan, et le druide regarda le chaudron et le reste, et le druide dit à Galanan "Bah, ce n'est aucun de ces objets", et Galanan répondit "Uh...! Crotte de bélier."
Ils firent une brève cérémonie pour demander pardon à l'esprit qu'ils avaient dérangé dans sa tombe ; puis Galanan se remit en route vers le nord, et son druide, et son barde, et sa troupe armée avec lui, et le chariot portant Lachlann et la guérisseuse, et ses cousines et cousins sauf une, et les quatre guerrières.
Ils arrivèrent en vue d'une plus haute colline, et s'en approchèrent. Là un géant se tenait debout, blonds ses cheveux, qui les toisa.
Galanan dit au géant qu'il venait en paix, et le géant dit à Galanan de s'en aller. Galanan dit au géant qu'il cherchait le chaudron magique pour sauver son fils, et le géant montra des crânes fichés sur des pieux et dit que tel était le destin de ceux qui voulaient voler ses trésors. Galanan dit au géant qu'il ne pouvait renoncer à sa quête, et le géant dit à Galanan d'aller se faire.
Galanan, et ses guerriers avec lui, et les guerrières aussi, avancèrent pour combattre le géant.
Ils entourèrent le géant de toutes parts. Le géant tua l'un des guerriers, et il reçut deux coups de lances des hommes de Galanan, et il dit "Aïe !"
Galanan demanda encore au géant de le laisser poursuivre sa quête, jurant qu'il ne lui prendrait rien. Le géant accepta et les laissa monter en haut de la colline. Il y avait là les compagnes du géant et un grand chaudron d'argent.
Galanan regarda le chaudron, et Galanan regarda le druide, et le druide regarda Galanan, et le druide regarda le chaudron, et le druide regarda encore le chaudron, et il le regarda encore et encore, et le druide dit à Galanan "C'est le chaudron". Et Galanan ne répondit rien.
Le chaudron fut empli d'eau, et ils prirent Lachlann dans le chariot et ils le trempèrent dans l'eau. Le druide, et le barde, et la guérisseuse, unirent leurs efforts et Lachlann fut sauvé et revint à la vie.
Puis ils y trempèrent de même, l'un après l'autre, deux guerriers qui avaient été gravement blessés pendant le voyage. L'un fut sauvé, l'autre non. Ils demandèrent au géant comment le remercier. Le géant dit qu'il ne voulait rien mais qu'ils ne devaient parler de ce lieu à personne. Mais Galanan vit que le géant semblait aimer les objets d'or car il en avait un petit tas, alors il lui offrit la croix d'or prise sur les moines et il lui dit que cet objet religieux de valeur avait été pris au combat et son porteur tué, ce qui n'était pas faux. Le géant en fut content.
Et ainsi le grand Galanan, fils de Talorc, rentra en son domaine par le même chemin, et son fils Lachlann revenu à la vie, et son druide, et son barde, et sa troupe armée avec lui, et le chariot et la guérisseuse, et ses cousines et cousins, et son cœur débordait de joie, et son esprit était plein d'espoir qu'on ne lui parle plus jamais de vieux chaudrons, sacré nom d'un mouton.