DU JOUR OÚ...
Printemps 1616. Alors que Stratford upon Avon et Madrid pleurent l'une un certain William S. et l'autre un certain Miguel de C. partis plumes devant dans un même élan vers le Très Haut; alors que les idées de Nicolas C. viennent d'être frappées d'hérésie et que les Algonquins de Nouvelle Angleterre sont décimés par la petite vérole dont le susmentionné Très Haut avait fait don aux perfides et puritains anglois pour qu'ils aient quelque chose à échanger avec les autochtones porteurs de dindes et de promesses; au printemps de 1616 donc (on aime les phrases longues, c'est notre seul vice), c'est la découverte d'un certain Michel M. qui suscite le plus grand émoi, de Cadix à Amsterdam, en passant par Lisbonne et Dieppe.
Étrangement, la rumeur colportée au gré des pérégrinations d'un équipage de contrebandiers normands de retour de Guinée n'atteindra jamais les rives de la Tamise... qui s'accrochent encore au calendrier julien, et accuse rien moins que 12 jours de retard sur le temps du reste de la Chrétienté... ON A DÉCOUVERT DE l'OR EN GUINÉE!
Selon les Normands, ce serait un naufragé volontaire emprunt d'un fol mysticisme cocottiste se faisant appeler "Le Michel Mâchemisère", qui aurait remonté la Gambie jusqu'au Fouta Djallon attaché par la barbe à la queue d'un crocodile envouté, et en aurait trouvé à s'en remplir charretons dans la vallée de RoubignOr, alors qu'il venait à coups de crucifix d'exproprier un malheureux phacochère de son terrier.MAIS A QUEL PRIX?
À la simple vue du Michel, le pauvre animal, nommé Mpumba par ses ex-voisins chacun dans la langue de son espèce, et déjà affecté d'un sale caractère à mettre sur le compte de crises hémorroïdaires à répétition, en aurait tiré une conjonctivite chronique qui n'arrange en rien son humeur de cochon. Mais Mpumba ne fut que la première victime de la présence incommodante du Michel:
- Des poulettes... Bien sûr, les poulettes... Plusieurs lieues à la ronde, elles quittèrent les humains dont elles partageaient qui les œufs, qui un dernier repas fait de leurs chairs tendres. Oui, les poulettes au Michel! On parle de centaines de têtes caquetantes qui abandonnèrent leurs poulaillers pour rejoindre en une folle et discrète procession le Michel en son lieu...
- Un troupeau de zébus se serait irrémédiablement emballé effrayé qu'il fut du caquètement infernal crépitant comme un feu de brousse à mesure que s'approchait le satané défilé des poulettes au Michel... Il parcourrait encore le Kaabu en tous sens dans un galop endiablé (qui a dit vache folle?)
- un chasseur autarcique, mais propre sur lui, ne put supporter longtemps les miasmes du poulailler géant, et dut quitter promptement son havre de solitude.
- Une communauté de femmes misandres vénérant les anciennes reines baïnouk et rebelles au pouvoir patriarcal et mandingue, a du déguerpir ces lieux jusqu'ici perdus dans la crainte de voir venir à l'or les sbires du Mansa-ba...KABA KOUYATÉ IV MARABOUTÉ?
Le Mansa-Ba, justement: Kaba Kayouté IV qui règne sur le Kaabu depuis Kansala, sa capitale secrète et fortifiée; Kaba Kouyaté que d'aucuns disent comme les poules être sous l'influence du Michel Mâchemisère. Depuis plus 150 ans, jamais le Kaabu n'a toléré que la moindre caravelle remontât les fleuves de Guinée. Tout au plus quelques individus interlopes au teint blafard et la barbe fournie, brune, blonde ou rousse, sont-ils admis à poser le pied sur la côte, pourvu qu'ils soient habiles au commerce ou à l'arquebuse. Ordonc?! L'or du Michel changerait-il la donne? Que nenni!
Étranglé par une paranoïa toujours grandissante de se voir assailli par des hordes de barbus assoiffés d'or, le Mansa-Ba s'est résolu d'engager des mercenaires aux confins se son royaume pour se prémunir de toute intrusion par les quatre fleuves qui mène à RoubignOr: le Sénégal, la Gambie, le Koliba et le Kakrima.CHARTE MADÉRISÉE...
Quatre fleuve qui à la Sainte Ursule font l'objet de conciliabules. Là, réunis dans la moiteur d'une flûte ancrée dans la rade de Funchal, un assemblage hétéroclite de quatre capitaines parvient enfin à faire langue commune de sardine, de bacalhau, de haring et de zarzuella: - le kapitein
Peter Mobariken, actionnaire impatient de la VOC.
- le capitão
Frederico Barbamelha, agissant secrètement pour la Casa da India.
- le capitán
Carlos Nuñez, en froid avec la couronne d'Espagne mais qui a encore ses entrées à la Casa de Contratación.
- le capitaine
Gaspard de Flushigny, aventurier huguenot, dit l'Épine de Veules les Roses où il avait manoir.
La charte qu'ils scellent d'une lampée de vin de Madère tient quelques mots: chacun sa route, chacun son chemin, premier arrivé, premier servi!ANIMAUX MARTYRISÉS!
Alors que les navires partis de Madère en un fiévreux départ viennent de doubler tour à tour le cap Blanc, le Mansa-Ba a fait venir jusqu'à lui les quatre chef.fe.s mercenaires dernièrement engagé.e.s à prix d'or, non seulement pour s'assurer de leur vénale loyauté, mais aussi et surtout pour les affubler chacun d'un homme de confiance, simple marabout ou griot de grand renom, ou ce petit bonhomme dont on dit qu'il n'est pas grand, mais qu'il est vaillant... (Ami lecteur, je te le chante, ou bien tu as trouvé?)
Sont donc présents à la chasse royale organisée à cette occasion:-
Niokhor Bop, chef sérère venu du Saloun
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Mallé Wath, chef peul venu du Tambacounda
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Hatab Batiga, chef floup venu de Basse-Casamance
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Mame Tamba, cheffe mané venue de Sierra Lioã
MAIS ROUBIGNOR LIBÉRÉ?
...certains l'espèrent, d'autres non...
PREMIERS ARRIVÉS, PREMIERS SERVIS!
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