Bon, ben, après quelques séances de plage et d'ébats guillerets dans les vagues atlantiques, vl'à le CR.
Eté 1795. Le tocsin sonne dans la campagne bretonne.
Avertis que le ci-devant Gonzague de Mesdeux, marquis de son état et suspecté de chouannerie, s’apprête à organiser une soirée zumba dans son manoir de Kermachinchose, les soldats républicains sont sur le pied de guerre.
Ca rigole pas chez les bleus. Plusieurs colonnes d’attaque sont dirigées vers des objectifs que des informateurs aussi zélés qu’anonymes leur ont décrits comme servant de repaires ou de lieu de rendez-vous aux brigands.
Il y a là une modeste chaumine bretonne dont le lit-clos, outre une accorte donzelle, recèle quelques barils de poudre. L'une aussi explosive que les autres.
On trouve aussi un pont sur lequel la même donzelle donne régulièrement rendez-vous à ce chaud lapin de Gonzague afin de lui donner des nouvelles du pays. Et plus si affinités.
Le troisième objectif, lui, n'est autre qu'un manoir dont - allez savoir pourquoi - l'architecte est originaire de la commune belge de Waterloo.
Les choses ne trainent pas.
A peine s'est-elle enquillée dans l'une de ces saletés de s... de f... de p... de m... de c... de chemin creux qui abondent dans le coin, qu'une colonne républicaine se fait prendre sous un feu ardent sorti d'une haie.
Les premiers biffins s'en vont rejoindre comme qui rigole le paradis des robespierristes.
"Hein ? Quoi ? Qu'est-ce ? Gasp ? Gargle ? Qu'esse-t-as ta ? Corneguidouille, palsembleu und hildepute ! " rugit le chef de section.
Un feu de riposte est aussitôt ordonné par l'intéressé qui n'a pas manqué de repérer derrière la haie de ridicules galurins poilus.
Les coiffes en question, que l'adjudant républicain distingue à peine dans le flou des combats, appartiennent en fait à la Légion de Damas. Une unité royaliste fraichement débarquée le la presqu'île de Quiberon et dont le chef a déssiné l'uniforme un soir qu'il était pété comme une huître. Ce sont, hélas, des choses qui arrivent.
Ce n'est là qu'un début.
Tandis que les premiers bleus se planquent, d'autres colonnes de blêmes bleusailles bleuâtres se retrouvent sous un feu nourri. Que ce soit après être tombées nez à nez avec des bande de chouans tranquillement occupées à ramasser des champignons dans un sous-bois, ou bien pour s'être approchées imprudemment - et à terrain découvert - de l'enceinte du manoir de Gonzague-le-libidineux. Murs derrière lesquels d'autres royalistes veillent au grain.
Bref, ça chauffe pour les sans-culottes. Ces derniers réalisant avec horreur et stupéfaction que le pays est truffé de malveillants.
Une pétaudière qui oblige les républicains à aller au contact d'un ennemi qui, dès les coups de faux donnés, s'empresse de disparaitre afin d'aller boire un coup de cidre à l'abri des futaies.
Même topo du côté de la colonne chargée d'aller inspecter les dessous du lit-clos et de la fermière qui l'occupe.
Précédés par un escadron de cavaliers, les bleus se font alpaguer par tout un parti de chouans planqués dans un bois.
Puis, ils ne tardent pas à découvrir que l'occupante de la chaumine, décidemment peu farouche, est en train de discuter le bout de gras avec toute un bataillon de Loyal Emigrant commandé par le comte d'Hervilly en personne. Un gai luron, lui aussi.
Rapidement, le lupanar royaliste se transforme en une espèce de fort Alamo. Drôle d'époque. Y a plus de morale, mon pauv' monsieur.
En fait, seul une colonne républicaine parvient à s'emparer sans coup férir de sa cible : le pont situé au milieu de tout ce foutoir.
Est-ce dû à une ruse de guerre ? La colonne en question est en effet revêtue de l'uniforme blanc, symbolique de l'ancien régime.
Un anachronisme qui ne peut s'expliquer que par deux raisons : soit le sergent fourrier est parti avec la caisse du régiment au lieu de commander de nouvelles fringues, soit le grand coordonnateur de cette baston homérique (c'est à dire ma pomme) manquait de figs républicaines et s'est rabattu sur de l'Espagnol. On fait ce qu'on peut.
Mais laissons les historiens résoudre cette énigme et revenons à nos moutons morbihannais.
Une chose est certaine. En dépit de quelques bastos envoyées par un adversaire trop maigrelet à cet endroit, le pont est pris.
Des combats plus violents qui alternent tirs et corps à corps et nécessitent même l'intervention d'un canon républicain sont par contre livrés autours du manoir.
Gonzague de Mesdeux ayant pour l'occasion confié le commandement des troupes chouannes royalistes au vaillant Charles le Téméraire, un vanneto-lorientais teigneux de chez teigneux.
Un habile joueur aussi qui a su limer correctement ses dés pour obtenir systématiquement l'avantage au jet d'initiative (Aaaargh ! j'ai trouvé mon maitre ! )
Au final, les Républicains investissent la cour du manoir. Mais l'ennemi y reste supérieur.
Bilan : 31 morts chez les bleus, 17 chez les blancs.
Rude baston, ma foi. Cela dit, c'est pas encore demain la veille que ce sacré Gonzague passera sous le tranchoir.