Le terrain :
Il faut à la fois modéliser les bâtiments et le paysage (éléments de terrain).
La plupart des batailles se déroulant dans et autour de cités portuaires, il faut prévoir la présence de cours d’eau ou du rivage de l’océan.
Je vais m’inspirer du travail de Ron Ringrose, qui comme moi apprécie la dimension navale, et a construit une très belle table de jeu incluant les rivages de l’océan pour son projet « Guerre de 7 ans en Amérique » (Il me semble que ce soit la Guerre de 7 ans) : la table est constituée de « simples » plaques (en MDF ou en CP je suppose) peintes en nuances bleutées et vernies pour représenter la mer, puis au dessus, il pose des plaques de mousses d’isolation dans lesquelles il a découpé les contours du rivage, et floquées/peintes pour représenter le terrain de base : simple et efficace ! On peut même facilement alors représenter des hauteurs et des dénivelés de terrain.
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(La SUPERBE table de jeu de Ron Ringrose !)
De mon côté, il y a prés de chez moi un grossiste en matériaux qui propose, à prix tout à fait abordables, des plaques de mousse d’isolation de dimensions et d’épaisseurs diverses (allant en règle générale de 3 à 5 voire 6 cm si je ne m’abuse). Pour le MDF/CP Leroy Merlin ou Brico-dépôt feront l’affaire !
Pour les éléments de terrain, je vais veiller à représenter la végétation particulière de l’Inde côtière : de nombreux palmiers, des jungles assez touffues, et des zones de marécages. Je partirai de bases en carton de calendrier (préalablement vernies pour éviter de se gondoler sous l’effet de la colle blanche) et j’agrémenterai de plantes et de palmiers et arbres en plastique (que je repeindrai rapidement pour gommer justement l’effet plastique) que j’achète chez
Décors Miniatures (ce n’est pas cher et de qualité, d’autant qu’au total il m’en faudra une certaine quantité !). J’utiliserai aussi quelques arbres plus classiques, en évitant quand même les pins ou sapins !
Pour les zones de marécage je ne sais pas encore exactement comment je vais m’y prendre : je pense représenter l’eau simplement par des « flaques » de peinture verdâtres et/ou bleuâtres, passées au vernis brillant, et envahies de verdure.
Je pense réaliser des éléments de terrain de dimensions diverses, de 5 cm sur 5 cm, et jusque 15 voire 20 cm de côté ou diamètre (au-delà je pense que cela sera moins pratique).
Pour les bâtiments là c’est plus complexe, mais quel plaisir de planifier et de réaliser tout cela !!!
Comme expliqué, je me concentre d’abord sur le siège de Goa : il nous faut donc reproduire la cité de Goa en 1510 et ses alentours.
Goa à l’arrivée des Portugais dans ses eaux, vers 1510, est possession du sultanat musulman de Bijapur : cela signifie donc qu’elle possède à la fois un caractère musulman (la population en les murs est majoritairement musulmane) et hindoue (la population rurale est majoritairement hindoue). La question est : laquelle des 2 civilisations impose son caractère à Goa !? Ou y’a-t-il synthèse !?
Notez que je n’ai pas trouvé de reconstitution de la Goa de 1510, et que les témoignages de l’époque (dont ceux d’Albuquerque, le conquérant de la cité) ne s’attardent pas sur une description de la cité, et encore moins sur son architecture !
Or, si au Sud de l’Inde, les communautés musulmanes ne sont pas dominantes (mais sont influentes, intégrées, et métissées), au centre et au Nord de l’Inde, les Musulmans dominent depuis déjà 2 siècles ! On peut donc raisonnablement penser qu’ils ont imposé dans ces régions leur architecture. Je pourrai nuancer en indiquant que Goa est tombé dans l’escarcelle Bijapoure depuis 1496 seulement (soit une quinzaine d’années auparavant), laps de temps peut-être insuffisant pour changer du tout au tout le caractère architectural de la cité MAIS une fois la cité hindoue prise, les Musulmans l’ont rasé et rebâtie ! Donc je pense raisonnablement pouvoir donner un caractère architectural plus musulman qu’hindou à Goa (du moins en ses murs).
Maintenant allons plus loin dans la réflexion : les Musulmans sont présents en Inde depuis prés de 2 siècles : l’architecture Hindoue n’aurait-elle pas pu les influencer !? Y at-il eu synthèse !? Et en ce cas l’architecture de Goa bien que musulmane serait-elle mâtinée de caractéristiques architecturales hindoues !? Je ne sais pas ! J’aurai tendance à penser que oui !
Et là 2 éléments entrent en compte : d’une part le fait que, faute de place / temps / argent je fais en sorte que les décors que je réalise puissent être utilisés pour d’autres projets, et d’autre part le fait que ce que je recherche dans ce projet c’est aussi un peu d’exotisme, de sortir des sentiers battus.
Et de ce fait, je vais considérer que l’architecture urbaine et obsidionale (les fortifications si vous préférez) de la Goa Bijapoure de 1510 est de caractère musulmane mais mâtinée d’éléments hindous.
Je vais aller même encore plus loin : je voudrai pouvoir utiliser ces décors pour mon autre projet à savoir les Timourides (Asie Centrale donc) au XVé siècle. Je vais donc pouvoir donner un caractère quelque peu Centralo-asiatique voire persan (car la Perse influence l’Inde du Nord et l’Asie Centrale au moyen-âge et à la renaissance) à cette Goa de 1510, et je pense qu’historiquement, cela se tiendra !
J’ai oublié de préciser que nous avons quand même quelques données architecturales sur la Goa de 1510, détails donnés par son vainqueur, Albuquerque. Nous savons que ses murailles étaient basses et fragiles (Albuquerque la fera renforcer et la garnira de redoutes), qu’on y trouvait dômes et minarets (ce qui indique clairement une architecture proche de l’architecture arabo-musulmane classique vous remarquerez !), que le palais de l’Adil Shâh comportait des terrasses et des galeries, que les toits de palmes étaient nombreux (ça c’est un caractère tout à fait indien car on utilisait les feuilles de palmiers pour les toitures, et ces feuilles brunissaient avec le temps). Nous savons aussi qu’il y avait des écuries pour les chevaux et les éléphants, et que les murailles étaient percées de plusieurs portes fortifiées dont une donnait sur le fleuve. Dômes, minarets, toits de palme, on sent qu’il y a un mélange architectural quand même …
Bref, voilà ce que j’ai décidé (car il faut bien se décider si on veut avancer) :
Les murailles seront plutôt basses, et les créneaux seront arrondis et rapprochés. Cela fait très indien, et je pourrai les utiliser aussi pour mes Timurides.
Les tours seront rondes, pas très hautes (à part peut-être celle donnant sur le fleuve).
Les 2 grandes tours seront rectangulaires et serviront aussi de casernes. Elles seront équipées, tout comme les portes fortifiées, de volets de combat.
Il y aura 2 types de portes fortifiées : des tours percées d’une porte (ce seront les mieux défendues et donneront sur le fleuve ou les routes stratégiques, ou un simple encorbellement crénelé au dessus d’une porte percée dans la muraille pour le port (lui-même défendu d’une redoute) et l’arrière-campagne (vers les champs et les fermes donc).
A noter que les portes fortifiées auront une forme, un contour « hindoue », celle percées dans la muraille seront plus simples à priori (ou pas, je n’ai pas encore décidé !).
Il y aura 2 grands bâtiments importants : la mosquée et le palais de l’Adil Shâh, souverain de Bijapur (notez que cela n’est pas sa capitale mais une cité portuaire d’importance car c’est par là que transitent les chevaux provenant de la péninsule arabique et destinés à ses armées).
Pour la mosquée j’opte pour un bâtiment résolument de type arabo-musulman mais le toit du minaret sera amovible et je fabriquerai 2 toits différents : un simple dôme purement arabo-musulman et une autre version avec un dôme plus élaboré, et plus hindou !
Pour le palais, j’ai opté pour une architecture plus persane qu’autre chose : l’architecture persane influençait beaucoup l’Asie Centrale et l’Inde Musulmane, et puis on y retrouve la terrasse et les galeries décrites par les Portugais à Goa. Je vais faire 2 toitures différentes pour la grande salle : une en tuiles (plutôt persane) et une en dôme (plutôt arabo-musulmane). Et pour la réalisation, je me suis beaucoup inspiré des dessins au trait réalisé au XIXe siècle par le français Eugène Flandin.
(Palais persan par
Eugène Flandin)
Il y aura une grande écurie qui pourra accueillir aussi bien des chevaux que des éléphants.
Pour les maisons, je vais aussi suivre Eugène Flandin et réaliser des demeures d’architecture classique arabo-musulmane, mais avec plein de petits détails (repérés sur les dessins de Flandin) et une option « indienne » : des « pergolas » avec toits en palmes ! Elles seront amovibles, optionnelles donc, et seront simplement posées (ou pas) sur les terrasses des maisons. Je réaliserai au moins une demeure plus « riche » avec un jardin clôt, un bassin, etc...
Il y aura une place devant la mosquée, et quelques jardins.
Le port quant à lui sera une (relativement) grande étendue, avec des petits bâtiments adossés aux murailles de la cité, en bois/claies/toits de palmes. On y trouvera de nombreux stocks de bois, cordes, etc. Il aura la particularité d’être protégé par une redoute donnant sur le fleuve. Pas vraiment de quais, les navires étant soit hissés sur la plage (avec des éléphants et des cordes) soit chargés/déchargés avec de petites embarcations à fond plat.
Enfin, il y aura un faubourg car l’on sait que des combats eurent lieu dans les faubourgs où les Portugais furent attaqués par des pots à feu lancés depuis derrière les palissades des cours des maisons. Donc je vais prévoir quelques maisons adossées à l’extérieur des murailles, plutôt d’architecture indienne pour le coup, avec des courettes (où poussaient d’ailleurs des poivriers !) délimitées par des palissades …
Les maisons du faubourg seront plutôt petites, avec des toits de tuiles (rares) ou de palmes (communs), un petit jardin, et le fameux Tinaï (entrée couverte avec banquette en pierre et petite colonnade), les murs auront un soubassement de pierre et pour le reste seront enduits .
Enfin, je sais qu’il existait les ruines d’un temps dédié à Ganesh sur une ile en face de Goa, sur le fleuve Zuwari. Cela pourrait être intéressant de représenter les ruines d’un temps sur le plateau de jeu, avec une statue de Ganesh envahie par la végétation. Dans un de mes ouvrages sur l’Inde classique (Time-Life éditions), j’ai même trouvé une photo et un plan d’un temple Troglodyte : pourquoi ne pas représenter en fond de table l’entrée d’un temple troglodyte abandonnée, avec une statue de Ganesh !? A voir …
Les dimensions de l’ensemble !? Il faut non seulement que cela tienne sur une table d’au maximum 2,4m sur 1,8m mais, de plus, il faut qu’il y ait un espace suffisant autour de la cité pour que placer le port et les faubourgs, et que les forces adverses puissent se déployer et lancer leurs assauts.
Mais nous allons quelque peu élargir la perspective, et vous allez comprendre pourquoi …
La cité de Goa en 1510 se situe sur la rive Nord-Est d’une grande île nommée Tiswari. Cette île a la particularité d’être complètement cernée par des fleuves et l’océan : à l’Ouest l’Océan Indien, au Nord le fleuve Mandovi et au Sud le fleuve Zuari, et ces 2 fleuves font le tour de l’île par l’est et s’y rejoignent. De ce fait, les bacs et gués reliant l’île au continent sont des points stratégiques pour Goa, et plus particulièrement 2 : la citadelle de Panaji, sur la rive Ouest, qui garde l’accès à l’Océan, et le gué fortifié de Banastri, qui permet de passer sur le continent, sur la rive Est.
Toute simulation du siège de Goa, quelque soit l’assiégé et l’assiégeant, se doit de prendre en compte ces 2 points stratégiques. Imaginez alors la richesse stratégique et tactique offerte !
Petite digression historique pour vous donner une idée de cette richesse : lors du siège de Goa par les forces de l’Adil Shâh (la cité est alors aux mains des Portugais depuis quelques semaines), les Portugais durent diviser leurs maigres forces entre Goa, Panaji et Banastri, donc des choix à faire ! Ensuite, durant les premiers combats, ils eurent à gérer le mouvement de leurs réserves et de leurs officiers entre tel ou tel points menacés, encore d’autres choix à faire ! Et de même l’attaquant doit lui-même choisir comment répartir ses forces, et où il considère qu’il doit mener les attaques les plus décidées.
Et là 2 possibilités s’offrent : soit sur la même table de jeu sont placés la cité de Goa, la citadelle de Panaji et le gué fortifié de Banastri, soit on crée 3 tables différentes : Goa, Panaji, et Banastri !
Ma première idée a été de tout placer sur la même table : déjà une table de 2,4m sur 1,8m ce n’est pas évident à construire/ranger/déployer, mais alors imaginez 3 ! Déjà cela n’est plus possible de les déployer à 3 en même temps, sinon en conventions …
Mais d’abord, pour ce qui est de Panaji et de Banastri, on n’est pas obligé de faire une grande table de 2,4m sur 1,8m !
Voyons d’après les témoignages des contemporains comment se présentaient la citadelle de Panaji et le gué fortifié de Banastri (appelé à l’époque le Pas de Banastri).
Pour la citadelle, il y avait clairement des éléments en pierres, des murailles (où se trouvait de l’artillerie) et une tour, mais l’ensemble ne devait pas être gigantesque car les Portugais le prirent d’assaut avec des échelles et s’en emparèrent relativement facilement, la garnison ennemie se montant à 400 hommes. De plus il semble que l’ensemble n’était pas vraiment clos, car les arrières étaient protégés par des fortifications ad-hoc de levées de terres et de palissades en bois. J’imagine donc une petite fortification médiévale, avec des murailles basses et une tour (on sait qu’il y avait une tour), mais un ensemble ouvert sur les terres intérieures à l’arrière, protégé par quelques fortifications de terre et de bois. Comme mon rapport sera de 1 figurine pour 20 combattants dans la réalité, cette citadelle sera défendue par une vingtaine de figurines. Par contre, il faut pouvoir représenter une certaine surface d’océan histoire de pouvoir simuler l’approche d’une force de débarquement, et il faut pouvoir aussi simuler un assaut depuis l’intérieur des terres. Bref une table avec une citadelle en position presque centrale, avec à l’Ouest le rivage et l’océan, et à l’Est la terre ferme. (Notez que la citadelle était située sur une élévation de terrain). Je ne pense pas que cela nécessite obligatoirement une grande table de 2,4m sur 1,8m, mais il me faut réfléchir sur les dimensions de table à adopter. Pour l'instant, j'ai tout simplement rajouté 2 petits modules pour représenter Panaji et Banastri.
Pour ce qui est du Pas de Banastri, on sait qu’il y avait une tour en pierres (le Pas de Banastri servait aussi de péage) mais à priori pas de murailles, par contre là aussi des levées de terre et des palissades. Sur la table de jeu il faudra évidemment représenter le fleuve, avec de chaque côté la terre ferme (à l’Ouest l’île de Tiswari et à l’Est le continent). Là aussi pas besoin de ‘une grande table !
Mais, qu’importe, loger 3 tables (dont une grande) dans une pièce est une gageure !
Bref pour le moment j’hésite ! Je pense que je vais fabriquer la citadelle de Panaji, la tour de Banastri, et j’aviserai par la suite : si ça tombe, je pourrai les placer avec Goa sur une seule grande table tout en laissant suffisamment de surfaces ouvertes.
Il y aura aussi quelques maisons et fermes d’architecture purement indienne, notamment au Nord-Est de Goa. Je n’aurai pas la place de représenter des champs et des fermes, aussi me contenterai-je d’une ferme le long d’un chemin et de quelques éléments de terrain représentant des cultures. De même entre la citadelle de Panaji et Goa il y avait un village, si j’ai suffisamment de place je placerai quelques petites maisons pour figurer ce village.