Article en ligne sur la plateforme CAIRN
Résumé : Les conditions d’entrée de la Bretagne dans les guerres de la Ligue en 1589 sont originales, dans la mesure où la province s’est tenue jusque-là très largement à l’écart des guerres de Religion. Mais les logiques de ce processus ne lui sont pas forcément spécifiques. On constate en premier lieu que la volonté générale de défendre l’ordre local, aussi bien que la large nécessité sociale de l’engagement au service des communautés, se muent bien souvent en facteurs de clivage à une échelle plus large, contribuant ainsi à l’extension concrète du conflit dans la province. Ce premier paradoxe de l’ordre se double d’un second : en effet pour assurer l’ordre, une mobilisation populaire peut être requise, alors même que le peuple, une fois armé, est toujours soupçonné par les élites de songer à la subversion. Reste ensuite à comprendre sur quels critères se font les choix partisans. Certains des modèles explicatifs mis en avant, aussi bien sociaux que religieux, rendent mal compte de cette division. Il faut se tourner vers des rivalités héritées entre hommes de pouvoir ou entre villes, qui ne sont plus régulées par l’arbitrage et la faveur issus du roi. Opèrent alors les logiques segmentaires propres à la société du temps, qu’on peut qualifier de politiques mais qui n’ont généralement rien d’idéologique. La capacité militaire de contrôle des points d’appui et des espaces joue ensuite un rôle essentiel, d’autant que l’engagement armé, facteur de politisation, se diffuse largement. Ainsi les lo- giques qui se dégagent peuvent nourrir une réflexion plus large sur l’éclatement d’une guerre civile.
https://www.cairn.info/revue-historique-2014-3-page-597.htm?contenu=article
Résumé : Les conditions d’entrée de la Bretagne dans les guerres de la Ligue en 1589 sont originales, dans la mesure où la province s’est tenue jusque-là très largement à l’écart des guerres de Religion. Mais les logiques de ce processus ne lui sont pas forcément spécifiques. On constate en premier lieu que la volonté générale de défendre l’ordre local, aussi bien que la large nécessité sociale de l’engagement au service des communautés, se muent bien souvent en facteurs de clivage à une échelle plus large, contribuant ainsi à l’extension concrète du conflit dans la province. Ce premier paradoxe de l’ordre se double d’un second : en effet pour assurer l’ordre, une mobilisation populaire peut être requise, alors même que le peuple, une fois armé, est toujours soupçonné par les élites de songer à la subversion. Reste ensuite à comprendre sur quels critères se font les choix partisans. Certains des modèles explicatifs mis en avant, aussi bien sociaux que religieux, rendent mal compte de cette division. Il faut se tourner vers des rivalités héritées entre hommes de pouvoir ou entre villes, qui ne sont plus régulées par l’arbitrage et la faveur issus du roi. Opèrent alors les logiques segmentaires propres à la société du temps, qu’on peut qualifier de politiques mais qui n’ont généralement rien d’idéologique. La capacité militaire de contrôle des points d’appui et des espaces joue ensuite un rôle essentiel, d’autant que l’engagement armé, facteur de politisation, se diffuse largement. Ainsi les lo- giques qui se dégagent peuvent nourrir une réflexion plus large sur l’éclatement d’une guerre civile.
https://www.cairn.info/revue-historique-2014-3-page-597.htm?contenu=article